Pour commencer, je suis…
Catherine. J’ai commencé la danse orientale quand j’avais 15ans. J’ai appris plus tard que mon grand-père dénigrait la danse orientale et voyait cela d’un mauvais œil, au même titre que mon père.
Depuis 2 ans, j’accompagne les enfants par des ateliers d’expression corporelle. Et lors d’une intervention où j’apprenais aux enfants des pas de danse tahitienne, une des enfants – 10ans- m’a fait part de sa gêne à “danser avec les fesses”.
Ces danses traditionnelles, mal vues
La danse orientale, par ses costumes 2 pièces montrant le ventre, et la danse polynésienne,avec le paréo et le soutien-gorge, se dansent notamment avec le bassin.
Elles sont mal vues par les occidentaux, et pour la danse orientale, elle est également mal vue au Maghreb.
Pour ce qui est de la danse orientale, ce qu’elle est aujourd’hui a été façonné par le colonialisme.
Ces danses sont réduites au bassin, alors qu’elles sollicitent tout le corps. Et à des costumes 2 pièces alors que selon les danses, les régions, les cultures, les tenues traditionnelles et coutumes sont variées.
Il y a donc une forte projection fantasmée sur ces danses, et sur les corps des danseuses.
Par ailleurs, dans certaines cultures, cela est tout à fait normal de danser avec le bassin. Malheureusement, en France notamment, le corps de la femme est hypersexualisé, que ça soit le bassin ou les seins.
Le bassin, ce centre de la créativité
Le bassin, berceau de l’humanité. Zone d’ancrage. Zone du corps qui lie les jambes au tronc.
Pourquoi les mouvements du bassin par les personnes perçues comme femmes sont-ils tant dérangeants?
Le bassin est une zone du corps au même titre que les jambes, les bras, le visage, les épaules…
Danser, c’est quoi?
Danser, c’est mettre du mouvement dans le corps, porté par le son et le silence
Danser est un langage universel et intemporel.
De tous temps nous avons dansé.
“Danser c’est être libre”
Danser peut concerner tout le corps ou seulement une partie.
Danser est à la fois un art et un sport.
Danser c’est être dans l’instant, c’est vivre. Danser c’est s’exprimer.
Danser c’est contrôler le mouvement et/ou lâcher le contrôle.
Danser et être perçu·e femme
Pourquoi est-ce que quand je suis perçue femme, cela dérange que je bouge mon bassin? Pourquoi est-ce que la honte et la gêne sont ressenties par les petites filles et les femmes? Pourquoi est-ce un combat pour les personnes perçues femmes de s’autoriser à danser avec le bassin librement?
Voici ma théorie:
les filles (déjà prépubères) et les femmes sont hypersexualisées, objectifiées. Le bassin de ces personnes est perçu et projeté comme un objet de désir et de possession par les hommes.
Mon bassin est avant tout une partie de MON corps. Et mon corps a envie et besoin de danser. Quand je danse, je danse pour moi. Pas pour les hommes, pas pour les séduire.
Danse et émancipation
Par delà le temps et les cultures, le corps, bassin compris, permet de s’exprimer.
De nombreuses danses sont perçues comme vulgaires.
Et si on les ramenait à ce qu’elles sont? Elles sont un art, un sport, un espace d’expression.
Et ce qui dérange, c’est qu’elles soient un espace de liberté.
Danser avec mon bassin, c’est m’approprier cette partie de mon corps.
Ce n’est pas à moi d’être gênée d’aimer mon corps et de le laisser vivre. La honte doit changer de camp. C’est toi, homme, qui devrait avoir honte et être gêné de projeter tes objectifications sur des personnes, des humain·es.
La danse, espace de liberté
Je continuerai d’accompagner les femmes et les enfants à prendre possession de leur corps, à se l’approprier, à l’aimer, à le chérir, à en prendre soin, à l’accepter tel qu’il est.
Tout est politique. La danse est politique. La danse permet l’empuissancement.
Et je continuerai à semer des graines, et à défendre les danses et les cultures, à défendre les corps, et leur respect, le respect des individus, et des limites. Le respect du consentement et du corps.
